La série a été photographiée avec un téléphone portable. Pour la réaliser, un
téléphone ancien et dépassé a été utilisé avec des applications de pointe destinées
à des scanners tridimensionnels, ce qui donne des défauts de construction de
l’espace-temps dans la photographie : des fractures, des plis, des flous et des absences.

En 2020, une pandémie nous force à une entrée prématurée dans le multivers
numérique. Nous sommes amenés à abandonner les rues et à nous rendre à la
construction accélérée de notre moi virtuel. Nous avons perdu les frontières qui
séparent notre corps de notre maison et de toute la technologie que nous utilisons,
tandis que notre faible capacité de traitement entraîne des échecs de «rendu».
Nous sommes des objets numériques mal finis. Connectés à nos machines, nous
vivons le passage entre les mondes comme un processus simultané de construction
et de déconstruction de nous-mêmes. Nous révélons notre incomplétude.
«Render», en anglais, est un processus de transformation des données en un
produit numérique fini. «Render», en portugais, signifie se rendre. En se rendant
au processus numérique, le photographe cherche à soulever des questions liées à
la mémoire, à l’imagination, à la construction d’autres réalités et, finalement, de
nous-mêmes.

Serions-nous face à une post-photographie documentaire?

« L’être humain n’existera plus en tant que sujet dans un univers objectif, mais
en tant que noeud au sein d’un réseau social qui transcendera l’espace-temps »

Flusser.
Thiago Facina

 

Doctorant en Arts à
l’université de l’Etat de
Rio de Janeiro et titulaire
d’un master en sciences
sociales dans la même
institution, le photographe
Thiago Facina travaille
entre la photographie
documentaire et les arts
plastiques.