« Chine 88 » invite au voyage en brouillant les repères du temps. Le traitement qu’ont subi les photographies originales argentiques réalisées en 1988 donne à ce témoignage visuel un caractère intemporel. L’oxydation a transformé ces images, qui ne sont plus tout à fait des photos mais se rapprochent d’aquarelle, de la gravure, voire du pointillisme des impressionnistes. Cette altération des photographies originales en fait la rareté et leur confère une poésie et un charme unique.
Ces clichés ont été réalisés au cours d’un voyage de six mois dans la Chine émergente des années 80, qui ouvrait timidement ses frontières aux visiteurs étrangers. Un voyage en images qui se décompose en trois grands tableaux :
le Xinjiang, le Tibet, et la vaste Chine Han de l’Est, de Pékin à Hong-Kong…

Plus de trente ans nous séparent de ces témoignages. Pourtant, la Chine que l’on y voit semble souvent appartenir à la première moitié du siècle dernier ou à d’autres époques plus anciennes encore. Ces images permettent de mieux mesurer l’incroyable bond accompli par ce pays en si peu de temps.
« Chine 88 » donne à découvrir un pays immense aux mille visages, parcouru jusqu’à ses confins les plus éloignés, le long de ses fleuves mythiques et au coeur de villes qui ont fait rêver plus d’un aventurier : Pékin, Shanghai, Hong-Kong, Canton…

« Chine 88 » reflète l’image d’une Chine quotidienne, populaire, extraordinairement vivante et attachante. Une Chine communiste comme on pouvait l’imaginer en occident, figée, opaque, mystérieuse, mais au fond rassurante, parce que réputée immobile. Devant l’époustouflant essor actuel de ce pays, qui nous déstabilise, nous bouscule et nous déroute, «Chine 88» paraîtra un brin nostalgique à nos yeux d’occidentaux, ressuscitant un pays si paisible en apparence mais qui déjà préparait l’avenir.

Michel PÉRÈS