J’ai reçu le projet d’exposition «Ich bin ein Bremer» comme une invitation à dessiner une ville, Brême. Après une dernière exposition très littéraire sur les mythes Grecs, je pensais plus simple de raconter une routine, de dépeindre une ville dans laquelle j’habite. J’avais tort. Finalement il n’y a peut être rien de plus difficile que de peindre le quotidien.
Commençons par parler de Brême. Habitée par prés de 700 000 habitants, Brême n’est pas riche comme Francfort, n’a pas non plus la modernité de Hambourg, ou l’attrait culturel de Berlin. Ville moyenne du Nord et préfecture d’une des régions les plus pauvres d’Allemagne, Brême est une ville banale. Et pourtant, en dépit de cette banalité, il y a un art de vivre propre aux Brêmois.
Les Italiens me pardonneront la comparaison, mais il y a une « Dolce Vita à la Brêmoise ».
C’est peut-être la façon qu’ont les Brêmois d’apprécier les choses simples. Un match de foot, une bière au Pub, un pic-nic au bord de la Weser, un tour de vélo dans les Blockland, une partie de cartes. Pas de célébrités ici mais beaucoup de visages connus. Pas de restaurant 3 étoiles et Ferrari mais des baraques à frites, des demi-poulets à emporter et des vélos par milliers. Pas de stars du football mais un club mythique, le « Werder de Brême », qui jouit d’une ferveur populaire que les plus grands clubs envient sûrement.
C’est donc avec l’ambition de montrer ces tranches de vie sans artifices que je présente une soixantaine d’œuvres pour cette troisième exposition solo chez Thierry. Dessins, estampes, peintures, huiles sur bois, crayonnés, mon vocabulaire plastique s’étoffe. J’assume aussi plus mon goût pour le dessin et je montre mes croquis pour la première fois. Peut-être que moi aussi, en tant que peintre, j’apprends à apprécier les œuvres plus simples et naturelles.

Bastien Bürcher